PROCES –VERBAL DE LA REUNION du10/01/08
« La réunion s’est passée en langue Shimaoré »
Le 1er Mouharram 1429, concordant au 10 janvier 2008, sur convocation du Grand Cadi, s’est tenue, dans la salle d’audience, une réunion de l’ensemble du personnel de la Justice musulmane, en présence de Mr le député de Mayotte.
A l’ouverture de la réunion le Grand Cadi a demandé à messieurs ABDOU Bachirou et Yazidou MADI, Cadis, que l’un d’eux prononce la « fatiha ».
Après, il a expliqué pourquoi il a convoqué la réunion, un jeudi au lieu de mardi habituellement : il a voulu que le député (qui doit voyager le jour suivant) soit présent afin de lui demander de prendre pour objectif pour Mayotte :
1) Le maintien de la justice musulmane
2) Le statut du personnel de la justice musulmane
3) Le rétablissement des compétences des cadis
Il demande à Mr le député d’ajouter à son programme, ces trois objectifs si l’assemblée est d’accord.
Il fera part de la position de l’assemblée, à une prochaine réunion restreinte d’experts qui aura lieu le 15/01/08, et cela quelque soit cette position, que l’assemblée décide de combattre ou de croiser les bras…..
Cadi YAZIDOU MADI:
« ce n’est pas la première fois que ces problèmes nous sont exposés mais les personnes sur qui nous comptions pour résoudre nos problèmes, ne sont jamais venus avec un résultat.
L’absence de réponse nous démobilise.
Nous ne savons pas comment défendre ceux qui ont le plus besoin d’être défendus, les jeunes recrutés.
Nous prions que cela change et que ceux à qui nous confions nos problèmes reviennent nous rendre compte de leur action »
Fassihou, secrétaire greffier:
«Ce qui advient, on l’entend à la radio. On n’est pas plus au courant. Depuis longtemps déjà les juges ouvraient et fermaient notre travail. Finalement ils ont accepté qu’on travaille ensemble. Nous d’un côté, eux de l’autre.
Nous demandons que les Notaires fassent autant.
Nous ne souhaitions pas qu’on nous coupe les « bras »
KASSIM, SECRETAIRE GREFFIER :
« L’affaire est très grave. Elle ne concerne pas seulement notre travail .Elle touche également notre économie, nos intérêts, nos traditions musulmanes
C’est la majorité qu’on est en train de perdre si nous croisons les bras.
J’ai demandé à des élus et aux services, au conseil général, ils ne semblent pas plus au courant que nous….
Ce qui se passe est inacceptable .nous devons nous soulever pour dire non.
Nous représentons toute Mayotte ici.
Aucun notaire ne peut mieux répondre à l’attente des mahorais que les cadis.
Cadi MOURIDI:
« Notre travail devait augmenter car la population a augmenté.
La police et la gendarmerie devraient donner leur concours aux Tribunaux de Cadi
Celui qui s’ingère aux affaires des musulmans et prend la place des Cadis, s’oppose en fait à l’islam.
Et celui qui s’oppose à l’islam, Allah lui fait perdre son poste ou son mandat
Nous avons tous été témoins de cela à Mayotte.
Aujourd’hui, monsieur le député nous comptons sur vous »
ABDOULLATIF ALI, Député:
« Cette réunion est importante, par sa date, le nouvel an musulman, par le nombre de présents…
Mais je dois constater des absents: les représentants de la justice du droit commun, de l’administration, la préfecture, le conseil général…
On doit remarquer des choses contraires .Hier il n’y avait que environ 20 agents. Aujourd’hui il y a plus d’une centaine. Les bureaux sont en meilleur état. On pourrait en déduire que ça va .ce n’est pas le cas.
Aujourd’hui toutes vos compétences vous ont été retirées, par des lois successives :
- L’accord de 2000, il y a 8ans
- La loi de 2001
- La loi programme de 2003
- La loi organique de 2007
Vous demandez quelles vous reviennent.
Ce n’est pas simple, après tant d’années, et tant de textes .on peut craindre que c’est un peu tard.
Il faudrait la volonté de la majorité des mahorais , et des lois.
On a dépouillé, déshabillés les Cadis pour habiller d’autres. Le bilan de ces retraits et transferts de compétences doit être fait. Il n’est pas positif pour les résidents : coût plus élevé, plus longue attente….bref plus de maladies, de problèmes alors qu’on prétendaient que c’était un remède, une solution.
Il reste quand même quelques fonctions, non supprimées, non contestées et non revendiquées mais dont les modalités d’exercices ne sont pas précisées.
Il s’agit de :
- La conciliation
- L’autorité religieuse
- L’autorité coutumière
Les Cadis ne doivent pas les négliger pour éviter que la majorité et l’islam, continuent à faiblir.
Si l’on veut rajouter les autres compétences, comme il est dit plus haut, il faudrait la volonté de la majorité et des lois.
Il y a aussi le fait qu’hier comme aujourd’hui, dans l’esprit des gens, le cadi est juge, notaire autorité administrative, religieuse et coutumière.
Il y a également l’article 75 de la constitution.
Une autre revendication du Grand Cadi, c’est le statut. il n’est pas normal que tous les services et tous les agents ont vu leur statut retouché sauf les cadis ! »
« Le grand cadi devrait diffuser le PV de cette réunion, convoquer le conseil des cadis, aller à la radio… »
FASSIHOU, SECRETAIRE GREFFIER:
« Nous savons que c’est une tache difficile. Détruire c’est simple. Construire c’est autre chose. C’est pourquoi nous vous demandons de soutenir le Grand Cadi et nous même
Nous avons déjà fait appel au conseil général à la préfecture à des ministres, en vain.
Je reviens sur ma proposition « que le notaire fasse son travail mais qu’on nous laisse faire notre travail »
YOUNOUSSA, secrétaire:
« Les lois sont prises par les hommes .Si hier, ils les ont trouvées bonnes et qu’aujourd’hui, on les trouves mauvaises, un changement doit être possible.
Nous nous trouvons dépassés, nous comptons sur vous pour aller plus loin.
Nous avons constaté que notre majorité a été vendue à vil prix
En matière foncière, le plus riche va se trouver privilégié par rapport aux héritiers de droit local.
Nous vous demandons de prendre en charge nos revendications… »
Bacar Zoubert, cadi:
« En réalité on nous a rien laissé comme compétence. On nous a coupé les pieds et les bras, comment voulez-vous qu’on avance et agisse ?
Il faudra d’abord retrouver les piliers »
ABDALLAH, secrétaire:
« Cette réunion devrait rassembler tous les mahorais .mais rien n’est trop tard.
Quand une loi ne convient pas à la population, elle ne doit pas être appliquée
CHAKRINA secrétaire:
« La balle, une fois tirée, ne revient plus le Katiba a été voté, personne ne s’est soulevé .Ne nous trompons pas .Les mahorais ne vont pas nous suivre , et le député ne peut rien. Mayotte avance et ne recule plus.
Deux choses sont pourtant possibles
- Le statut
- La conciliation
Cadi YAZIDOU:
« Il y a un conseiller général qui a avoué que ce qui a été supprimé, il ne peut pas le rétablir
Je pence que nous devons réclamer le statut et la conciliation. »
FASSIHOU, secrétaire:
« Statut ?sans travail, comment est –ce possible ?
Soyons ensemble avec le député pour revendiquer tout ce qui a été supprimé »
S MAOULIDA .secrétaire Greffier Tsingoni:
« Le député a évoqué l’article 75 de la constitution. Est- ce que cet article ne peut pas servir à abroger la loi de 2001 ? »
Cadi YAHAYA :
« C’est mieux d’être optimiste, plutôt que pessimiste.
Je suis parmi les optimistes.
Nous avons eu un entretien avec 7 députés venus de France. Nous parlions déjà des mêmes problèmes
Ils nous ont répondu : « vous n’avez qu'à élire un autre député ».
C’est ce que les mahorais ont fait .Un autre député a été élu, par la volonté d’Allah
Nous sommes en droit d’attendre des changements dans le sens que nous souhaitons »
Cadi NOURDINE:
« J’ai de la peine pour les mahorais qui ne sont pas prêts à des changements de lois lesquelles ne sont pas adaptées… »
ALI député:
« Je vois que le Grand Cadi n’est pas le seul à être préoccupé par cette affaire.
J’espère un changement.
Le PV doit être distribué.
D’autre part nous sommes à la veille d’une élection. Ce sont les politiques qui peuvent changer. Prendre contact avec eux, pour tenter de trouver des élus qui aiment ce métier
Si on a des maires et des conseillers qui aiment la mosquée, on construira une mosquée même si, ici à Mayotte, on nous dit que ce n’est pas possible
Les Cadis ne sont pas prêts à manger de Riba en étant payé sans travailler
Donc ! parler autour de nous
Quitter le « Tchotchoroni »
Aller même à la télé …..
MAIMOUNI ? Affaire foncière, invité
« Les mahorais doivent dire ce qu’ils veulent en connaissance des causes.
On a fait une faute pour avoir gardé le silence .Dieux va nous punit.
Après le prophète se sont les «Oulama» qui le remplacent.
Les vieillards ne connaissent pas l’articles 74 ou 75, ni les principes de droit
On ne peut pas changer l’habitude des gens.
Pourquoi ceux qui connaissent n’ont rien dit ? Maintenant des assises sont nécessaires….
Le Grand Cadi:
« Merci, ceux et celles qui sont venus .nous devons agir et faire ce qui est proposé »
La réunion a pris fin par une Fatiha, prononcée par ABDOU BACHIROU, Cadi
Le grand cadi
Mohamed Hachim