Chaque année, à l’occasion des deux Îdes, les cadis et les notables de Mayotte, rendent visite aux autorités du conseil général pour leur donner la main de l’Îde.
A L’occasion de la rencontre de cette année, le Grand Cadi de Mayotte a fait le discours suivant :
Monsieur le Président, messieurs les conseillers généraux, Messieurs les maires, Messieurs les conseillers municipaux, messieurs les Cadis, mesdames messieurs…,
Comme chaque année, l’ide est l’occasion pour nous, de nous rencontrer ici au Conseil Général, pour faire le bilan et renouveler nos espoirs, de bonnes actions.
Je souhaite donc à toutes et à tous : Ide Mbaraka !
Que le mois de prière, de solidarité mais aussi de privation librement acceptée, soit suivi de jours de joie et de bonheur pour tout le monde.
Monsieur, le président, les années passées, vous nous avez entendu parler de nombreuses revendications à propos desquelles vous nous avez fait d’heureuses annonces dont certaines se sont concrétisées.
C’est ainsi de la fourniture de matériels informatiques, de photocopieuses, et aussi de la location d’immeubles en meilleurs états pour abriter les services de la justice musulmane…
Cependant d’autres heureuses annonces restent à concrétiser ; comme le statut des Cadis, l’organisation de la Zakat, le centre culturel islamique de Mamoudzou…
Etant donné que l’article 76 de la constitution française vous permet d’avoir une organisation particulière de la Collectivité de Mayotte, tenant compte de ses intérêt propres ;
Etant donné que de nombreux Mahorais ont conservé leur statut personnel musulman ; et comme vous avez exprimé à plusieurs reprises votre intérêt personnel à protéger l’identité mahoraise, protection prévue en plus, dans l’accord de 2000, nous sommes en droit, d’attendre de votre part :
- la mise en place de statuts de cadis, de greffier, de secrétaire greffier et de maître coranique.
- L’organisation de la collecte de la « Zakât – il – mal » par la collectivité. Les montants recueillis seront ensuite redistribués aux associations islamiques regroupées en fondation.
Pour nous, c’est la seule voie qui maintiendra la justice musulmane et la rétablira dans toutes ses compétences et qui sauvegardera l’identité mahoraise.
Pour la suivre, il est nécessaire dans l’immédiat de différer l’application des dispositions contraires, relatives à la justice musulmane, contenues dans la loi de 2001, dans ses amendements, dans la loi d’outre-mer de 2003 et dans une loi de 2004…
Emprunter une autre voie, c’est prendre le risque d’exposer les mahorais dans des difficultés liées à l’application de textes inadaptés comme c’est déjà le cas en matière foncière.
Nous sommes persuadés que vous saurez épargner les Mahorais de ces difficultés et continuer à maintenir entre eux, l’entente, la justice et la paix.
Depuis longtemps, notre île vit ainsi. Que cela continue.
Mais pour nous, cela ne continuera que si
VIVE Mayotte musulmane et Vive la Justice cadiale.
Le Grand Cadi Mohamed Hachim